Résolution 1635 (2008)1
Combattre la violence à l’égard des femmes: pour une
convention du Conseil de l’Europe
1. La violence domestique à l’égard des
femmes est l’une des violations de la personne humaine les
plus répandues en Europe. La violence domestique touche tous
les Etats membres du Conseil de l’Europe et toutes les classes
sociales. Selon les estimations disponibles, à l’échelle du
continent européen, 80 millions de femmes seraient concernées
par ce fléau.
2. Comme elle le précise également dans sa
Recommandation 1847 (2008), l’Assemblée parlementaire
salue la campagne menée par le Conseil de l’Europe de 2006 à
2008 pour combattre la violence à l’égard des femmes, y
compris la violence domestique, qui, pour la première fois,
impliquait les trois dimensions politiques du Conseil de
l’Europe (parlementaire, gouvernementale, locale et régionale)
et associait les organisations non gouvernementales (ONG). La
campagne du Conseil de l’Europe «Stop à la violence domestique
faite aux femmes» a contribué à une meilleure prise de
conscience du phénomène et à faire reconnaître le fait que la
violence à l’égard des femmes, en particulier la violence
domestique, est une violation inacceptable des droits de la
personne humaine.
3. L’Assemblée souligne la mobilisation
importante et la contribution majeure des parlements nationaux
des Etats membres du Conseil de l’Europe, et de ceux ayant le
statut d’observateur auprès de l’Assemblée parlementaire, à la
mise en œuvre de la dimension parlementaire de la campagne.
Durant deux ans, une quarantaine de parlements nationaux et 56
parlementaires de référence ont développé plus de 200
activités à travers l’Europe pour dénoncer la violence
domestique à l’égard des femmes, sensibiliser les
parlementaires et le grand public, et modifier les lois afin
de mieux protéger les victimes, poursuivre les auteurs de
violence domestique et prévenir ce fléau. La création d’un
réseau des parlementaires de référence sous l’égide de
l’Assemblée a constitué une méthode de travail innovante.
4. L’Assemblée se réjouit de la coopération
développée au cours de la campagne avec l’Union
interparlementaire, le Parlement européen et le Conseil
nordique.
5. L’Assemblée considère néanmoins que la
lutte contre la violence à l’égard des femmes doit être
intensifiée. Le Conseil de l’Europe, gardien des droits de la
personne humaine en Europe, doit jouer un rôle pionnier dans
ce domaine. L’Assemblée entend rester mobilisée et encourager
les parlements nationaux à poursuivre leurs efforts dans ce
sens.
6. L’Assemblée invite par conséquent les
parlements nationaux:
6.1. à renforcer les législations
nationales en matière de prévention de la violence à l’égard
des femmes, suivant la Recommandation Rec(2002)5 du Comité
des Ministres sur la protection des femmes contre la
violence;
6.2. à poursuivre l’adoption et le contrôle
de l’application des sept mesures phares identifiées par
l’Assemblée au paragraphe 6.6 de sa
Résolution 1582 (2007), et considérées comme des normes
minimales, à savoir:
«– la pénalisation de la violence
domestique à l’égard des femmes, y compris la pénalisation
du viol marital;
– la reconnaissance que la violence
perpétrée entre (ex-)partenaires constitue une
circonstance aggravante;
– la création d’un nombre adéquat de
centres d’hébergement d’urgence sûrs;
– la possibilité d’éloigner le conjoint
ou le partenaire violent et de prendre des mesures
d’injonction à l’encontre des auteurs de violence;
– la garantie d’un accès effectif à la
justice ainsi qu’à des mesures de protection pour les
victimes;
– l’affectation de ressources budgétaires
suffisantes pour la mise en œuvre de la loi;
– le suivi de l’application des lois
votées par le parlement en matière de lutte contre la
violence faite aux femmes»;
6.3. à soutenir, en coopération avec les
ministères concernés, la préparation d’une convention-cadre
du Conseil de l’Europe sur les formes de violence les plus
sévères et les plus répandues à l’égard des femmes;
6.4. à désigner, au sein de leur délégation
nationale auprès de l’Assemblée, un parlementaire de
référence chargé de suivre, dans son pays, les
développements législatifs en matière de lutte contre la
violence à l’égard des femmes et d’en rendre compte
régulièrement à l’Assemblée;
6.5. à poursuivre les actions de
sensibilisation des parlementaires et du grand public,
ciblant particulièrement l’implication des hommes dans la
lutte contre la violence à l’égard des femmes, en
collaboration avec les autorités gouvernementales, locales
et régionales ainsi que les ONG;
6.6. à organiser, à l’occasion de chaque
Journée internationale pour l’élimination de la violence à
l’égard des femmes (le 25 novembre), une action de
sensibilisation au sein du parlement;
6.7. à soutenir le travail des ONG actives
dans le domaine de la lutte contre la violence à l’égard des
femmes.
7. L’Assemblée convient de réunir le réseau
des parlementaires de référence en 2009 pour évaluer les
progrès législatifs réalisés et préparer la contribution de
l’Assemblée à la rédaction d’une convention-cadre.
8. L’Assemblée invite le Parlement européen
et le Conseil nordique à poursuivre leur coopération avec le
Conseil de l’Europe.
9. L’Assemblée invite l’Union
interparlementaire à envisager de mener des actions communes
dans le cadre de la Campagne des Nations Unies pour
l’élimination de la violence contre les femmes et les filles
(2008-2015).
1. Discussion par
l’Assemblée le 3 octobre 2008 (36e séance)
(voir Doc.
11702, rapport de la commission sur l’égalité des chances
pour les femmes et les hommes, rapporteur: M. Mendes Bota).
Texte adopté par l’Assemblée le 3 octobre 2008
(36e séance). |