Recommandation 1847 (2008)1
Combattre la violence à l’égard des femmes: pour une
convention du Conseil de l’Europe
1. Rappelant sa
Résolution 1635 (2008) – Combattre la violence à l’égard
des femmes: pour une convention du Conseil de l’Europe –,
l’Assemblée parlementaire salue la campagne du Conseil de
l’Europe, pour combattre la violence à l’égard des femmes, y
compris la violence domestique. Cette campagne, menée de 2006
à 2008, impliquait les trois dimensions politiques du Conseil
de l’Europe (parlementaire, gouvernementale, locale et
régionale) et associait les organisations non gouvernementales
(ONG).
2. L’Assemblée considère que la campagne du
Conseil de l’Europe «Stop à la violence domestique faite aux
femmes» a contribué à une meilleure prise de conscience du
phénomène et à faire reconnaître le fait que la violence à
l’égard des femmes, en particulier la violence domestique, est
une violation inacceptable des droits de la personne humaine.
3. En dépit des progrès réalisés et des
instruments internationaux déjà existants, l’Assemblée
considère que la lutte contre la violence à l’égard des femmes
doit être intensifiée. Elle est convaincue que la rédaction
d’un instrument juridique incluant les «3 P» (protection
des victimes, poursuite des auteurs et prévention) et traitant
spécifiquement la question de la violence fondée sur le genre
est nécessaire pour encourager les Etats membres à atteindre
les normes minimales dans ce domaine et pour renforcer leurs
législations. L’Assemblée estime que l’élaboration d’une
convention-cadre (suivant le modèle de la Convention-cadre
pour la protection des minorités nationales, STE no
157) permettrait de proposer des lignes directrices et des
dispositions définissant des objectifs que les Parties
contractantes s’engagent à poursuivre à travers une
législation nationale et une action gouvernementale
appropriée.
4. L’Assemblée invite par conséquent le
Comité des Ministres à élaborer une convention-cadre sur les
formes les plus sévères et répandues de violence à l’égard des
femmes en associant à sa rédaction l’Assemblée parlementaire,
le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de
l’Europe et les ONG, qui devrait:
4.1. intégrer la dimension de genre et
traiter la spécificité de la violence perpétrée contre les
femmes en raison de leur sexe;
4.2. couvrir les formes les plus sévères et
répandues de violence à l’égard des femmes, en particulier
la violence domestique contre les femmes (entre partenaires
ou ex-partenaires, cohabitant ou non), les agressions
sexuelles (y compris le viol et le «viol marital») et le
harcèlement, les mariages forcés, les crimes dits
«d’honneur» et les mutilations sexuelles féminines;
4.3. prévoir des dispositions obligeant les
Etats à prendre les mesures nécessaires pour protéger les
victimes, et prévenir et poursuivre les actes de violence à
l’égard des femmes;
4.4. prévoir un mécanisme de suivi
indépendant chargé de veiller à la mise en œuvre effective
de la convention.
5. Rappelant sa
Recommandation 1838 (2008) – Renforcer l’autonomie
des femmes dans une société moderne et multiculturelle –,
l’Assemblée invite le Comité des Ministres à mettre en place
un rapporteur spécial du Conseil de l’Europe sur les droits
des femmes qui, sous l’autorité du Commissaire aux droits de
l’homme du Conseil de l’Europe, serait chargé du suivi des
progrès réalisés en matière de droits des femmes, y compris
dans le domaine de la lutte contre la violence à l’égard des
femmes.
6. L’Assemblée invite le Comité des Ministres
à intégrer la lutte contre les formes les plus sévères et les
plus répandues de violence à l’égard des femmes dans ses
programmes d’assistance et de coopération (y compris
parlementaires), et à rechercher des ressources
extrabudgétaires pour financer ces activités.
7. L’Assemblée invite le Comité des Ministres
à renforcer sa coopération avec les Nations Unies dans le
cadre de sa Campagne pour l’élimination de la violence contre
les femmes et les filles (2008-2015), de sorte que les bonnes
pratiques identifiées au cours de la campagne du Conseil de
l’Europe soient développées et amplifiées au niveau
mondial.
1. Discussion par
l’Assemblée le 3 octobre 2008 (36e séance)
(voir Doc. 11702, rapport de la commission sur l’égalité
des chances pour les femmes et les hommes, rapporteur: M.
Mendes Bota). Texte adopté par l’Assemblée le 3 octobre
2008 (36e
séance). |