Edition provisoire
Garantir l’autorité et l’efficacité de la Convention
européenne des droits de l’homme
Résolution 1856 (2012)1
1.
L'Assemblée parlementaire rend hommage à l'extraordinaire
contribution de la Cour européenne des droits de l'homme («la
Cour») à la défense des droits de l'homme en Europe. Ce
faisant, elle reconnaît le caractère subsidiaire du mécanisme
de surveillance établi par la Convention européenne des droits
de l'homme (STE no 5, «la Convention»), et
notamment le rôle fondamental que les autorités nationales,
c'est-à-dire les gouvernements, les juridictions et les
parlements, doivent jouer pour garantir et protéger les droits
de l'homme.
2.
L'Assemblée réaffirme que l'essence du droit de requête
individuelle, qui est au cœur du mécanisme de protection de la
Convention, doit être préservée et que la Cour doit être en
mesure de procéder à la clôture du traitement des requêtes
dans un délai raisonnable, tout en maintenant la qualité et
l'autorité de ses arrêts. Il s'ensuit que la priorité doit
être donnée aux difficultés rencontrées dans les Etats qui ne
mettent pas convenablement en œuvre les normes de la
Convention. La Cour devrait, par conséquent, être encouragée à
continuer à hiérarchiser ses affaires en fonction de la
politique de prioritisation qu’elle a récemment adoptée.
3. Il
découle de ce qui précède que, afin de garantir l'efficacité
durable du système de protection de la Convention, il convient
de renforcer et d’améliorer à l'échelon national l'autorité
des droits consacrés par la Convention (y compris l'autorité
de la chose interprétée – res interpretata – de la
jurisprudence de la Cour), d'accroître l'efficacité des voies
de recours internes dans les Etats confrontés à d'importants
problèmes structurels et de garantir l'exécution rapide et
effective des arrêts de la Cour. Les parlements nationaux
peuvent contribuer de manière essentielle à endiguer l'afflux
de requêtes qui submerge la Cour, par exemple en vérifiant
soigneusement que les projets de loi ou la législation soient
compatibles avec les exigences de la Convention et en veillant
à ce que les Etats se conforment rapidement et pleinement aux
arrêts de la Cour.
4. A cet
égard, l'Assemblée appelle une nouvelle fois les parlements à
créer des structures internes adéquates pour assurer le suivi
rigoureux et régulier du respect, par les Etats, de leurs
obligations internationales en matière de droits de l'homme
(Résolution 1823
(2011) «Les parlements nationaux: garants des droits de
l’homme en Europe») et, notamment, un contrôle parlementaire
effectif de l'exécution des arrêts de la Cour (Résolution 1516
(2006) sur la mise en œuvre des arrêts de la Cour européenne
des droits de l’homme, paragraphe 22.1).
5. Comme
le débat sur l'avenir du système de la Convention qui a fait
suite à la Conférence d’Interlaken ne prend pas suffisamment
en compte le rôle des parlements (Résolution 1823 (2011), paragraphe 5.2), l’Assemblée et les
parlements nationaux doivent veiller à ce qu'ils aient la
possibilité d'examiner attentivement les rapports que les
Etats membres sont tenus de remettre au Comité des Ministres
sur la mise en œuvre nationale des parties pertinentes des
Déclarations d'Interlaken et d'Izmir.
6. Enfin,
l'autorité et l'efficacité du système de la Convention sont
subordonnées à la volonté politique des Etats membres et à
l’engagement qu'ils ont pris de fournir à l’Organisation les
moyens financiers adaptés à l'exercice de son mandat en
matière de droits de l'homme. La situation budgétaire
difficile dans laquelle se trouve le Conseil de l'Europe exige
d'urgence l'attention des Etats membres, à commencer par le
pouvoir législatif, compte tenu du rôle décisif qu'il joue
dans la fixation des crédits budgétaires nationaux.
1 Discussion par l’Assemblée le
24 janvier 2012 (4e séance) (voir Doc.
12811, rapport de la commission des questions juridiques
et des droits de l'homme, rapporteure: Mme
Bemelmans-Videc). Texte adopté par l’Assemblée le 24
janvier 2012 (4e séance).
Voir également la
Recommandation 1991 (2012). |