Edition provisoire
L’avenir du Conseil de l’Europe à la lumière de ses 60
années d’expérience
Recommandation 1886 (2009)1
1. Au
moment du 60ème anniversaire du Conseil de
l’Europe, nous célébrons les acquis et réalisations
incontestables de notre Organisation durant les six décennies
de ses activités et le rôle qu’elle a joué dans la
transformation démocratique du continent européen. En même
temps, cette date offre une occasion de procéder à une analyse
et à une réflexion honnêtes et objectives sur le
positionnement du Conseil de l’Europe dans le système
institutionnel européen, sur ses atouts et potentialités, mais
aussi sur ses failles, points faibles et limites. Cela est
indispensable pour assurer l’adaptation du Conseil de l’Europe
aux nouveaux défis, afin qu’il reste l’institution clé de la
construction d’une Europe unie fondée sur les principes et
valeurs de la démocratie, des droits de l’homme et de la
prééminence du droit, et continue à garantir la promotion et
la protection efficaces de ces principes et valeurs.
2.
L’Assemblée parlementaire et le Comité des Ministres, les deux
organes statutaires investis de la responsabilité générale du
Conseil de l’Europe, se doivent de mener cette réflexion
ensemble. Dans ce contexte, l’Assemblée se réfère à la
Résolution 1689 (2009) relative à l’avenir du Conseil de
l’Europe à la lumière de ses 60 années d’expérience, et invite
le Comité des Ministres à prendre dûment en considération les
idées, préoccupations et propositions contenues dans ce
texte.
3.
L’Assemblée est convaincue que l’efficacité du Conseil de
l’Europe et sa place dans l’architecture institutionnelle
européenne dépendent essentiellement du degré d’engagement de
ses Etats membres en sa faveur. Elle estime primordial de
faire en sorte que cet engagement ne fasse aucun doute et soit
vérifié par des actes concrets. A cette fin, elle appelle
instamment le Comité des Ministres :
3.1. à
renforcer la portée politique des sessions ministérielles du
Comité des Ministres, de sorte que chaque session devienne
un événement politique majeur où des décisions politiques
d’envergure sont prises ;
3.2. à
étudier l’opportunité de la tenue, à intervalles réguliers,
de sommets du Conseil de l’Europe pour décider des
orientations stratégiques, en tenant compte de l’impulsion
qu’ils donnent aux activités de l’Organisation ;
3.3. à
promouvoir plus activement les instruments juridiques
élaborés au Conseil de l’Europe, et à encourager la
signature et la ratification de ces instruments par les
Etats membres ;
3.4. à
prévenir toute possibilité de nouveaux clivages à
l’intérieur même du Conseil de l’Europe en fonction de
l’appartenance de ses Etats membres à d’autres
organisations, et en particulier à chercher à réduire
l’influence de l’Union européenne et de la présidence de
celle-ci sur la prise des décisions au sein du Comité des
Ministres ;
3.5. à
revoir la stratégie budgétaire du Conseil de l’Europe pour
le doter des moyens à la hauteur de ses missions ;
3.6. à
renforcer la portée des conférences des ministres
spécialisés du Conseil de l’Europe, leur lien avec et leur
impact sur les activités de l’Organisation, et en
particulier, à envisager la possibilité pour les ministères
spécialisés de contribuer au financement de certaines
activités du Conseil de l’Europe en contrepartie de la
délégation en leur faveur de certaines compétences du Comité
des Ministres, notamment en ce qui concerne le choix des
priorités pour les actions intergouvernementales du Conseil
de l’Europe, comme cela est prévu par la Résolution (89)40
du Comité des Ministres.
4.
L’Assemblée estime que les différents travaux du Conseil de
l’Europe dans le domaine de la démocratie méritent d’être
davantage mis en valeur. Elle recommande au Comité des
Ministres d’étudier avec elle la mise en place, sur la base de
différents mécanismes et structures en la matière, tels que le
Forum annuel sur l’Avenir de la Démocratie, les débats
biannuels de l’Assemblée sur l’état de la démocratie en
Europe, la Commission de Venise, l’Université d’été de la
démocratie et le réseau des Ecoles des études politiques du
Conseil de l’Europe, d’un « Davos de la
Démocratie », véritable laboratoire d’idées, de réflexion
et d’expertise qui pourrait devenir un pole d’excellence et de
référence à haute visibilité internationale.
5.
L’Assemblée est convaincue qu’un bon fonctionnement du Conseil
de l’Europe n’est possible sans un dialogue véritable,
substantiel et permanent entre ses deux organes statutaires.
Les canaux de dialogue et de consultation entre l’Assemblée et
le Comité des Ministres doivent être revitalisés. Dans ce
contexte, l’Assemblée salue l’esprit positif dans lequel se
sont déroulées les récentes réunions informelles entre son
Comité des Présidents et le Bureau du Comité des Ministres.
Elle appelle instamment le Comité des Ministres :
5.1. à
revoir ses méthodes de travail en ce qui concerne la
préparation des réponses aux recommandations de l’Assemblée
afin d’assurer que ces réponses soient établies dans des
délais plus courts (en principe, ne dépassant pas les six
mois) et avec une plus grande attention sur la
substance ;
5.2. à
veiller davantage à promouvoir la mise en œuvre des
positions exprimées dans ses recommandations ;
5.3. à
prévoir des délais raisonnables (en principe de trois mois
au moins) pour la consultation statutaire de l’Assemblée sur
des projets de conventions, et à informer régulièrement
celle-ci des suites réservées aux propositions d’amendements
formulées dans ses Avis statutaires ;
5.4. à
étudier, conjointement avec l’Assemblée, les moyens de faire
du Comité mixte un véritable cadre de dialogue substantiel
et de consultation efficace entre les deux organes, par
exemple, en ne le convoquant qu’en cas de besoin et au
niveau des décideurs politiques ;
5.5. à
étudier, conjointement avec l’Assemblée, les moyens de
donner plus de visibilité et de substance politique aux
échanges de vue traditionnels entre la Commission permanente
de l’Assemblée et la présidence du Comité des
Ministres ;
5.6. à
intensifier le dialogue avec l’Assemblée sous toutes les
formes qui ont prouvé leur efficacité, tels que les contacts
entre le Président de l’Assemblée et le Président du Comité
des Ministres, les réunions informelles entre le Comité des
Présidents de l’Assemblée et le Bureau du Comité des
Ministres, les contacts de travail entre les commissions de
l’Assemblée et les groupes de rapporteurs du Comité des
Ministres ;
5.7.
d’envisager la mise en place de mécanismes de coopération
entre l’Assemblée et le Comité des Ministres et, le cas
échéant, d’autres instances du Conseil de l’Europe, pour
assurer une réponse coordonnée en matière de prévention des
crises et de règlement des conflits ;
5.8.
d’envisager la mise en place d’un cadre approprié pour des
échanges de vues entre l’Assemblée et le Comité des
Ministres en ce qui concerne les priorités du Conseil de
l’Europe pour l’année à venir et les résultats obtenus
l’année précédente.
6.
L’Assemblée considère donc que le fonctionnement interne du
Conseil de l’Europe, en particulier en ce qui concerne les
relations entre ses organes statutaires, doit être mis
davantage en conformité avec les principes et valeurs
démocratiques qu’il défend. Elle réitère ses propositions
formulées dans la
Recommandation 1763 (2006) sur l’équilibre institutionnel
au Conseil de l’Europe, et appelle instamment le Comité des
Ministres :
6.1. à
poursuivre le dialogue avec elle sur les aspects
institutionnels du fonctionnement de
l’Organisation ;
6.2. à
intensifier sa réflexion sur les suites substantielles à
donner à l’ensemble des propositions contenues dans la Recommandation
1763 (2006).
1Discussion par
l’Assemblée le 1er octobre (34e séance) (voir Doc.
12017, rapport de la commission des questions politiques,
rapporteur : M. Mignon). Texte adopté par l’Assemblée
le 1er octobre (34e séance). |